LES THÉÂTRES D’OMBRES D’INDONESIE
Stupas de la terrasse supérieure du temple de Borobudur, Java central
Sabi lulungan, hit contemporain de musique indonésienne
L’Indonésie partage avec la Malaisie une langue nationale, le bahasa Indonesia (ou bahasa Malaysia), et l’amour du théâtre d’ombres que l’on nomme wayang. La forme la plus courante est le wayang kulit, qui est diffusé dans la partie centrale de l’île de Java et sur l’île de Bali. En indonésien «wayang» veut dire ombre et «kulit» veut dire peau ou cuir. Le wayang kulit est donc un théâtre d’ombres de cuir, le plus souvent fait de peau de buffle d’eau, sauf pour les plus petites marionnettes qui sont faites de cuir de mouton ou de chèvre. Ce sont les marionnettes de femmes qui sont les plus petites. La présence du wayang kulit dans les îles indonésiennes est attestée depuis au moins 1000 ans, mais la notion de théâtre d'ombres a au moins 1000 ans de plus car des inscriptions sur des pierres invoquant des spectacles d'ombres avec des poupées de pierre ont été retrouvées à Java et à Bali. Ce sont justement ces deux îles qui abritent de nos jours le wayang kulit, Java dans sa partie centrale, et Bali dans sa totalité.
Les principaux centres culturels de Java central sont les villes de Yogyakarta, Surakarta (ancienne Solo) et Cirebon. Toutefois les villages aux alentours participent à la petite industrie de fabrication des marionnettes et sont spécialisés, comme souvent en Indonésie : ainsi certains villages ne produisent que du cuir pour marionnettes, ou les marionnettes elles-mêmes. Toutefois il existe aussi des ateliers dans les villes elles même car cela attire les touristes et permet de vendre plus facilement. En Indonésie le tourisme contribue à maintenir le wayang kulit. Enfin la communauté chinoise de Jakarta avait il y a longtemps sa propre forme de wayang kulit, le wayang tionghoa qui était joué dans le temple taoiste du quartier de Glodok, mais cette forme est totalement oubliée et ne concerne plus que les antiquaires et les historiens de l'art...
La partie Est de Java est dédiée à une autre forme dite "wayang klitik", ou théâtre de planchettes, elle utilise des marionnettes plates découpées dans des planchettes de bois, alors que Java Ouest (le pays Sunda qui comprends aussi la capitale Jakarta) préfère le «wayang golek» ou théâtre de bois qui utilise des marionnettes de bois taillées en ronde bosse. Le principal centre du wayang golek est la ville de Bogor. Ce blog ne traite pas de ces deux variantes en bois du wayang.
Thèmes des wayang kulit indonésiens
Comme l'atteste le nom même du pays, l'Indonésie et ses diverses cultures sont tout particulièrement marquées par le lien qu'elles ont eu depuis l'antiquité avec l'Inde et sa principale religion, l'hindouisme. D'ailleurs des vestiges de pierre trouvés dans les îles de Sumatra, Java et Bali, attestent de l'hindouisation progressive du pays. Ce processus aurait débuté il y a près de 2000 ans. Aussi bien Bali, qui est resté hindouiste, que Java qui est actuellement musulmane, les deux wayang kulit du pays traitent essentiellement des deux principales épopées venues de l’Inde hindoue, le Mahabahrata (ou « grande épopée » en langue sanscrite) et le Ramayana, l'épopée du prince Rama. Ces deux épopées étant communes à tout le monde asiatique indianisé (c'est-à-dire pour nous hors Chine et Turquie), elles sont traitées dans un chapitre à part dans ce blog. Notons toutefois que ces deux épopées ont été quelque peu modifiées par les Indonésiens, pour mieux convenir à leurs valeurs philosophiques et à leurs contraintes matérielles : par exemple comme les spectacles ont lieu sur 9 heures, toutes la nuit, ils se découpent en trois groupes de 3h environ pour faire deux poses, poses pendant lesquelles entrent en scène les membres d’un famille de bouffons, Semar, le père, accompagné de ses fils Petruk Bagong et Gareng. Ces intermèdes sont faits pour détendre l’atmosphère avec force de plaisanteries, les bouffons sont ici des sages qui conseillent les princes et les rois car ils interviennent aussi dans les scènes des épopées.
Une autre particularité du wayang kulit est que les scènes sont souvent modifiées pour faire référence à l‘actualité locale ou nationale, ce qui est particulièrement croustillant dans un pays qui n’a pas beaucoup connu la liberté d’expression.
Une coiffe royale traditionnelle telle qu'on la retrouve dans les marionnettes
Scène du Ramayana dansé: remarquez les motifs des batiks qu'on retrouve dans les marionnettes
Les pierreries des coiffes sont également un point commun
En dehors des deux épopées les marionnettistes illustrent aussi des contes locaux, comme le dit du prince Panji, ou à Java des faits relatés par la tradition religieuse musulmane. D’ailleurs du temps de la colonisation, les missionnaires chrétiens qui venaient du Royaume Uni puis des Pays Bas ont aussi fait fabriquer des marionnettes représentant des personnages bibliques pour amener la population à se convertir au christianisme.
Un musée entier est dédié à toutes les formes du wayang indonésien à Jakarta, la capitale, dans le quartier colonial. Il est particulièrement bien pourvu mais mal géré (pas assez de place, éclairage inexistant pour économiser l'électricité, etc).
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Ou un épopée indienne: Mahabharata ou Ramayana
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